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LE BARON DE SAINT CASTIN
la colonie se caractérisent par une duplicité sanguinaire qui donne à l’avidité et à l’âpreté avec lesquelles les Anglais s’emparèrent du territoire une teinte d’injustice incroyable. Toute une race a été littéralement balayée de la face de la terre… Les relations des représailles reflètent une amertume et une haine avouées qui ne font certes pas honneur à l’esprit du temps ni aux annalistes ».

Sylvester met en regard la franche générosité d’un Massasoit, et la froide hypocrisie des Pèlerins qui, lentement, se cristallisa en une aversion non déguisée.

Les Anglais poursuivaient systématiquement l’extermination des Indiens. « Les colons les avaient condamnés à l’annihilation », avoue encore Sylvester. Évidemment, le lucre était leur mobile principal. Il y avait aussi cette répugnance à l’égard des gens de couleur, si vivace chez les Anglo-saxons, même de nos jours, et qui les empêche, par exemple, de considérer les Hindous comme des égaux. Aux premiers temps de la colonisation en Amérique, les puritains blâmaient fort les Français de traiter les Indiens avec humanité. C’est une autre observation de Sylvester 6.

Les indigènes de ces parages vivaient de culture et de chasse. Les colonies s’emparaient de leurs terres, et, sous le coup des menaces, reprenaient les fusils que des particuliers anglais leur avaient vendus très cher. Ainsi les acculaient-ils à la famine.

La duplicité des Anglais était grande. Ils déclaraient la guerre sous les prétextes les plus futiles, inventés pour les besoins de la cause. À l’ordinaire, ils invoquaient, malgré toutes les preuves du contraire, des complots tramés par les sauvages. Les Indiens s’assuraient la paix au moyen d’un traité qui les réduisait en réalité à une abjecte soumission. Ils abandonnaient alors toutes leurs armes. Cela ne suffisait pas toujours. Lorsqu’ils se croyaient les plus forts, les Anglais trouvaient quelque vieux mousquet oublié dans la tribu, et ils fondaient sur les sauvages.

La sanglante comédie se renouvelait chaque fois que les « pères pèlerins » convoitaient une terre. Un exemple suffira. La colonie de Weston se plaignit un jour au gouvernement de Plymouth que la tribu voisine ne lui vendait pas de maïs, sans ajouter que les Indiens n’en possédaient que pour leurs besoins stricts. Les gens de Weston croyaient convenable de prendre le maïs par la force. Le gouvernement fut de cet avis et il envoya incontinent