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SAINT-CASTIN CHEZ LES SAUVAGES

ralité remarquable. Ils étaient renommés pour leur écriture graphique.

Les découvreurs racontent que les tribus abénaquises étaient soumises à un seigneur souverain, le Bashaba, dont l’influence se prolongeait jusqu’à la baie de Massachusetts. Il semble que Madokawando ait exercé ces fonctions. Dans chaque tribu se trouvaient un chef suprême ou sagamo, et des chefs subalternes ou de clans, membres du conseil. Le sagamo était élu pour la vie et son élection, suivie de fêtes qui duraient trois semaines. L’hérédité constituait un titre à l’éligibilité.

La tribu des Pentagoëts, la plus nombreuse et la plus redoutée des Anglais, exerçait une sorte de suprématie, vu que le Bashaba sortait de ses rangs. C’est à Pentagoët en tout cas qu’Ingram fut reçu, au 16e siècle, par ce mirifique seigneur dont les Sokokis relevaient directement. L’été, les Pentagoëts descendaient au bord de la mer, en vue de la pêche. L’hiver, ils se tenaient en haut de la rivière où se trouvent encore les restes de leur tribu 12.


Saint-Castin se fit chez eux une situation, parce que, sans prendre les vices des indigènes et sans abdiquer sa dignité de blanc, il s’assimila leurs qualités. On a maints témoignages de la rectitude de sa vie, témoignages qui détruisent l’effet de calomnies intéressées.

Sa qualité de Français lui attirait la sympathie des naturels. Cruellement traqués par les Anglais, ils appréciaient d’autant plus les sentiments humains des autres blancs. Au surplus, ce gentilhomme, officier de carrière, possédait des ressources précieuses aux yeux de cette peuplade guerrière. Ils firent de lui l’un de leurs chefs, titre auquel il acquit des droits quand il épousa la fille du grand sachem.


— V —


Le mariage de Saint-Castin. — On n’est pas fixé sur le nom de cette femme. Le contrat de mariage de Bernard-Anselme de Saint-Castin, fils de Jean-Vincent, passé le 31 octobre 1707, le donne comme « fils de dame Mathilde ». Celui de sa sœur Anastasie, signé le 7 décembre 1707, attribue à la mère le même nom. Mais dans le contrat de Thérèse de Saint-Castin, sœur des deux premiers, on lit : « fille de Marie-Pidianske » 13. De