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LE BARON DE SAINT-CASTIN
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lettre de Sa Majesté britannique. Mais, le 10 novembre, il en avait reçu une autre de Charles II lui demandant « de ne pas rendre le pays avant de nouvelles instructions », et il arguait que les ordres mentionnaient « une partie des colonies de la Nouvelle-Angleterre, savoir Pentagoët, qui appartient au Nouveau Plimouth ». L’arrivée de Morillon, au dire de Temple, « donna à nos magistrats (de Boston) de grands sujets d’alarme et de crainte d’un voisinage aussi redoutable, qui peut être d’une dangereuse conséquence pour le service et les sujets de Sa Majesté puisque les îles Caraïbes en tirent la plus grande partie de leurs provisions… L’Acadie n’est qu’une petite partie de la Nouvelle-Écosse ». Dans une lettre à Morillon du Bourg, Temple prétendait même que La Hève et Port-Royal « ne sont pas en Acadie ». Passant à l’action, il annonçait à Arlington son intention de réduire Port-Royal, afin de remettre les choses en l’état où elles étaient avant la venue de Morillon. Celui-ci étant parti pour Saint-Christophe, où il allait exécuter l’autre partie du traité, Temple dépêcha vers Port-Royal deux petits navires à lui, chargés d’hommes, de munitions et de provisions 6.

Au fond, Temple entendait surtout obtenir de l’Angleterre un dédommagement sérieux pour la perte du monopole de la pêche, qui lui rapportait 80 000 livres par an, et le remboursement de l’argent qu’il avait consacré à l’Acadie. Quand fut réglée cette question d’intérêt personnel, le gouverneur anglais de la « Nouvelle-Écosse » fut mis en demeure de signer l’acte de cession. Le 6 août 1669, Charles II lui en donnait l’ordre formel.

Le pauvre Temple, le cœur crevé, ne pouvait participer lui-même à la triste cérémonie. Le 7 juillet 1670, il écrivait de Boston au capitaine Richard Walker de remettre l’Acadie au chevalier de Grandfontaine, arrivé la veille de France et qui lui avait présenté la lettre signée le 6 août de l’année précédente par Charles II. Temple, se prétendant malade, refusait de se rendre en Acadie.

Le 5 août, Walker remettait officiellement Pentagoët et Grandfontaine rédigeait l’acte de reddition :

« Le cinquième jour d’août de l’an 1670, étant dans le fort de Pentagoët, dans le pays de l’Acadie, dont nous avons pris possession pour Sa Majesté Très-chrétienne, le 17e du mois dernier. Le capitaine Walker, représentant la personne de Thomas Temple, chevalier baronnet, accompagné d’Isaac Garner, Gentilhomme », demandait état et quittance du fort. Grandfontaine passait cet acte en présence « du sieur Jean Maillard, écrivain du Roi sur le vaisseau de Sadite Majesté, appelé le Saint-Sébastien, commandé par M. de la Clocheterie, et de Marchal, secrétaire » 7.