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LE BARON DE SAINT-CASTIN
héritier de la Couronne d’Angleterre. Ils ont, pour cet effet, fait fortifier un endroit appelé Pemcuit et y ont mis trois mil hommes de troupes réglées, suivant l’ordre qu’en avoit le Commandant que le sieur de St-Castin dit avoir veu et lu.
« Le même ordre portoit qu’il seroit fait un fort à l’entrée de la rivière Panabamské à un endroit appelle Vieux Fort et qu’il devoit y avoir la même quantité de troupes qu’à Pemcuit. Ils ont même proposé au sieur de St-Castin à qui cet endroit appartient qu’il ne tenoit qu’à luy de se le conserver et d’avoir même le commandement des troupes qui y seroient, pourveu qu’il voulut se déclarer sujet du Roy d’Angleterre et en prêter le Serment, qu’ils l’avantageoient du commerce exclusif avec les Sauvages, et que pas un Anglois n’iroit traitter dans cet endroit.
« Le Sieur de St-Castin adjoute qu’ils dévoient aussy faire un fort à un endroit appelle Pesmoukadi et y mettre pareille garnison qu’à Pemcuit, que le Gouverneur du Port Royal estoit venu aux Mines, le printemps dernier avec douze bastimens pour sommer les habitants François de cet endroit de se déclarer sujets du Roy d’Angleterre qu’ils n’ont point voulu accepter et ont même engagé les Micmaks et les autres nations voisines à se joindre à eux pour faire face en cas de violence. Les François ont néantmoins signé un traitté, par lequel ils promettent estre fidèles au Roy d’Angleterre et ne le point trahir en aucune façon. Qu’au surplus, ils ne se déclaroient point ses sujets. »

Les Anglais employaient, afin d’attirer Joseph, les tactiques qui leur avaient si peu réussi avec Jean-Vincent et Bernard-Anselme. Joseph ne se prêta pas davantage à ces manœuvres.

Les deux frères remplissaient en quelque sorte les fonctions d’officiers de liaison entre les tribus abénaquises et la Nouvelle-France. Comme l’atteste une lettre de M. de Beauharnois au ministre, datée d’octobre 1732, les Saint-Castin venaient chaque année à Québec rendre compte de la tournure des événements 10.

Les documents ne mentionnent plus que de loin en loin le nom de Saint-Castin. En tout cas, ils nous apprennent que les fils du baron et de Marie-Pedianske restaient fidèles serviteurs de la France.

Le 26 avril 1741, le ministre envisageait, à leur endroit, une augmentation d’appointements, ajoutant toutefois : « Je crois qu’il convient de ne pas trop se presser pour les grâces qui peuvent leur être accordées ; et peut-être que dans les circonstances présentes, il est plus à propos de les contenir par l’espérance » 11. Le 20 avril 1742, le ministre reconnaissait la nécessité du relèvement. Seulement, notait-il, l’état des finances ne le permettait pas immédiatement. En attendant, le gouverneur de Québec accorderait aux deux frères des ravitaille-