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JOSEPH D’ABADIE DE SAINT-CASTIN

au premier rang de ses préoccupations l’intérêt de ses Abénaquis. Lauverjat, au contraire et en toute bonne foi, se constituait le représentant de la France. Les deux hommes ne pouvaient voir du même œil ni la traite de l’eau-de-vie, ni les relations avec les Anglais. Il en résultait de sérieuses controverses, d’où le missionnaire avait conclu à l’insolence de Saint-Castin.

Lauverjat racontait les orgies du cadet d’Abbadie, en compagnie de son neveu et de sauvages. Cette prétendue débauche, dont on ne possède pas d’autre preuve, occupa les gouverneurs jusqu’en 1734 9. Le ministre ne perdait jamais une occasion de se renseigner sur la conduite des Saint-Castin, et le gouverneur de la Nouvelle-France avait, chaque fois, le plaisir de le rassurer.


— V —


Au service de la France. — Joseph d’Abbadie avait pris la place occupée autrefois par son père. Si les circonstances lui rendaient impossibles les résultats bien remarquables, il maintenait du moins l’influence française dans les tribus abénaquises. Les gouvernants s’en rendaient compte, à Québec non moins qu’à Versailles, et lui accordaient de l’aide.

En 1726, le gouverneur de la Nouvelle-France confirmait au jeune Saint-Castin sa qualité d’officier et l’intendant Dupuy recevait l’ordre de lui rembourser une somme de 150 livres empruntée d’un officier anglais durant sa captivité à Boston.

Trois ans plus tard, M. de Beauharnois demandait au ministre de continuer aux deux fils de Jean-Vincent de Saint-Castin la gratification de 720 livres par an qu’ils touchaient depuis la mort de leur frère aîné. Dans une lettre du 28 mars 1730, à Beauharnois et Hocquart, le ministre approuvait. Il craignait, en supprimant cette aide, de les indisposer contre la France et de les voir passer, avec les sauvages, du côté des Anglais.

En 1730, Joseph envoyait au ministre un rapport d’un grand intérêt sur les événements d’Acadie.

« Les Anglois, lit-on dans le résumé de ce document, ne cessent de faire des propositions aux Abenakis de l’Accadie, pour les engager à vendre ou leur louer leurs terres, ce que les Sauvages ne veullent accepter à moins qu’ils ne s’y voient forcés.
«  Les veues des Anglois sont de se rendre maîtres de cette partie de l’Amérique pour l’ériger en principauté et y établir un