Page:Daviault - Le Baron de Saint-Castin, chef abénaquis, 1939.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
181
JOSEPH D’ABBADIE DE SAINT-CASTIN

Au début de 1725, des délégués de Boston venaient à Québec prier le gouverneur de ne pas aider les Abénaquis contre les Anglais 5.

En même temps, les Anglais envoyaient à Pentagoët un otage et un prisonnier demander la paix. Saint-Castin engagea des conversations et un courrier porta la bonne nouvelle au fort de Saint-Georges.

C’est le moment que choisit le capitaine Heath, commandant la garnison de la Kennébec pour marcher sur Panamské, village indien établi aux chutes de la Pentagoët. Heath n’y trouva personne, mais il incendia une cinquantaine de wigwams.

Cette petite expédition, « que Heath avait entreprise n’ayant rien de mieux à faire » (Sylvester), provoqua la rupture des négociations. Les Terratines, outrés, menaçaient de tout mettre à feu et à sang.

Les laborieuses explications fournies par les Anglais démontrent qu’ils voulaient la paix à tout prix. Ils avaient réussi à apaiser la tribu et les pourparlers avaient repris en juin, quand un nouvel incident détruisit tout l’effet du beau travail des diplomates. Le capitaine Pritchard, commandant d’un navire anglais, s’emparait d’un petit bateau de Joseph d’Abbadie, rempli de castor, au large de Naskeag-Point (maintenant Sedgewick). Joseph d’Abbadie commandait lui-même son embarcation et il souffrit de la brutalité de Pritchard. Il protesta auprès du gouverneur Dummer de Boston, dans une lettre écrite en anglais, langue qu’il maniait avec aisance 6.

Les Indiens recommencèrent leurs ravages de plus belle dans les colonies anglaises. Ils rencontraient une résistance à laquelle ils n’étaient pas habitués : depuis la fin de 1724, le capitaine Lovewell déployait une activité extraordinaire. Jamais les Anglais n’avaient eu, dans ces parages, un chef militaire aussi habile. Pourtant, le 7 mai 1725, Lovewell et la plupart des 17 hommes qui l’accompagnaient tombèrent sous les balles des sauvages, à Fryeburg, sur la Saco.

De nouveau, les Anglais demandèrent à reprendre les conversations. Elles aboutirent, le 5 août 1726 seulement, à un accord renouvelé en 1727. Joseph de Saint-Castin, tout comme son père autrefois, refusa de le signer au nom des Pentagoëts, laissant ce soin au chef Wenamouit. L’accord, affirmait-il à Vaudreuil, était un simple « traité de paix, d’amnistie et d’accommodement ». En