Les habitants se soumirent de nouveau et le baron de Saint-Castin se réfugia aux Mines près du récollet Félix. Les Anglais eurent bientôt leur revanche, prenant au baron son bâtiment, détruisant sa maison et tous ses biens. Le 21 juin 1712, le ministre lui écrivait :
À l’Île Royale. — L’Acadie n’était pas plutôt perdue que la France en comprenait enfin la valeur. Immédiatement, lamentations du ministre : il fallait reprendre l’Acadie. Mais il avait le tort de persister à croire que les sauvages ou les particuliers accompliraient cet exploit à leurs propres dépens. Des marchands de Saint-Malo offrirent d’armer des vaisseaux en vue de la reprise de Port-Royal. Le roi en fut enchanté, mais il leur laissa tous les risques de l’entreprise, en échange d’une promesse de concession. Comme ils exigeaient de sa part des engagements plus précis, il oublia le projet 17.
Les plénipotentiaires d’Utrecht s’étaient agités pour garder l’Acadie. Ils n’y avaient pas réussi. Voyant en danger toutes ses colonies de l’Amérique, le roi se réveilla de sa léthargie. Lui qui avait tout refusé à l’Acadie conçut un plan grandiose, aboutissant à la construction, à coups de millions, de la forteresse de Louisbourg. Et cette forteresse tomba au premier assaut…
Dans l’île du Cap-Breton, baptisée Île-Royale à cette occasion, Versailles imagina d’élever des défenses formidables et d’attirer les Acadiens. Mais, au mépris des traités, les Anglais empêchèrent les habitants de quitter la Nouvelle-Écosse avec leurs biens.
On songeait aussi aux sauvages et Saint-Castin devait les préparer à l’émigration. Le 29 mars, le ministre écrivait à Vaudreuil en ce sens, ajoutant que Bernard-Anselme préférerait sans doute le Cap-Breton à Québec.