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BERNARD-ANSELME DE SAINT-CASTIN

venant chercher des armes et des marchandises. Une vedette anglaise s’empara de son bateau et de ses effets et il eut toutes les peines du monde à regagner la terre ferme, où il apprit la défaite de Subercase.

Le baron fit parvenir une lettre à ce dernier, prisonnier des Anglais et qui, en réponse, le pria d’obtenir de ses geôliers l’autorisation de se rendre auprès de lui.

Les Anglais profitèrent de cette circonstance pour lui demander de passer à leur service « lui offrant beaucoup d’argent et de beaux emplois ». Il refusa. Mais cette offre témoigne qu’il avait hérité du prestige, de l’influence et de la puissance de son père.

Subercase et Nicholson l’envoyèrent à Québec, en compagnie du major John Livingston et d’un valet, afin de soumettre la capitulation à Vaudreuil.

Partis de Port-Royal à la mi-octobre, les messagers passèrent d’abord par Pentagoët d’où ils remontèrent la rivière en canot. Dans sa tribu, Saint-Castin eut du mal à sauver Livingston des Indiens qui voulaient lui faire un mauvais parti. Conduits à travers bois par trois sauvages, nos gens arrivèrent à Québec le 16 décembre, après un voyage très pénible.

On a prétendu que Saint-Castin se livra, pendant son séjour à Québec, à des actions répréhensibles dans les couvents. Cette accusation repose sur l’erreur d’un historien 14 qui a mal lu un passage du Mémoire de l’État présent du Canada en 1712 15, dû à la plume de M. d’Auteuil, où Livingston est incriminé mais non pas Saint-Castin, ainsi que l’établissent ces lignes :

« Dès le printemps précédent le sr de St-Castin, gentilhomme français né à l’Acadie, ayant été pris à la mer par les Anglais, refusa de servir parmi eux et demanda d’être ramené à Québec. Ils y consentirent à condition qu’il y serait conduit par le sr Livingston accompagné d’un valet. Ils y arrivèrent ensemble et Livingston y a demeuré tout un hiver. Pendant ce long séjour Mr de Vaudreuil l’a régalé et reçu chez lui de son mieux, l’a lui-même promené partout jusques à le faire entrer dans tous les couvents de filles sans exception où il a causé à sa vue tous les scandales les plus surprenants, non seulement par rapport à la pudeur, mais aussi par rapport à la religion, à tel point que dans l’Hôpital Général gouverné par des religieuses après avoir mis la modestie de ces pauvres filles à bien des épreuves, ayant trouvé une statue de St Michel il commit contre le saint et son image toutes les injures et les ordures les plus grossières que les crocheteurs ont accoutumé à se dire entre eux et mêla tout cela de beaucoup d’impiétés et blasphèmes contre le culte que nous rendons aux saints. Le reste de sa