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LE BARON DE SAINT-CASTIN


— III —

L’arrivée en Acadie. — Quand Jean-Vincent d’Abbadie, second fils du premier baron de Saint-Castin, arrive dans l’Acadie, l’homme et l’occasion s’accordent.

À l’aurore de sa carrière, après un rapide apprentissage des armes, Jean-Vincent vient mettre sa jeune énergie au service d’un pays neuf. La colonie existe depuis des années nombreuses déjà, mais le progrès en a été entravé par des erreurs administratives et des difficultés de toutes sortes. L’occupation du pays par les Anglais, durant les quinze ou seize années précédentes, a tout bouleversé : il faut recommencer à neuf. Est-il circonstance plus favorable pour un jeune homme qui n’est enlisé dans aucune routine ?


M. de Grandfontaine obtient de Colbert, en juillet 1669, « le pouvoir du roi pour recevoir des Anglais le pays de l’Acadie et les forts qui en dépendent ».

Ayant levé une compagnie de 50 hommes, il s’embarque sans tarder. Battu par une furieuse tempête en haute mer, son bateau relâche sur des récifs à trois lieues du port, où il se brise. Les passagers se sauvent, mais il faut licencier les soldats. Cependant la compagnie de Grandfontaine, rentrée de Lisbonne à la Rochelle, reste en état de repartir, « en vue de prendre possession de l’Acadie et de la conserver ». Le 5 mars 1670, M. Colbert du Terron, commandant du port, communique au chevalier « les instructions de Sa Majesté pour aller commander en Acadie et solliciter des officiers britanniques la restitution du pays dans l’obéissance du roi ».

Les Anglais ont pris Pentagoët en pleine paix, mais le traité de Bréda, l’année précédente, a rendu ce fort à la France 4.


— IV —

Français et Anglais en Acadie. — Les conflits entre Anglais et Français avaient en Acadie une animosité plus grande qu’en Nouvelle-France. Ils étaient aussi plus dommageables aux Français. Les Bostonnais tenaient à ce pays d’Acadie à cause de la pêche, industrie si précieuse pour eux qu’ils suspendaient une morue en bois doré dans la salle de l’Assemblée législative du Massachusetts.