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LE BARON DE SAINT CASTIN

dre Subercase dans les bois, il réunit les habitants à ses sauvages afin de harceler avec eux les Anglais  5.

Cinq cents ennemis tentèrent de forcer le passage. Les troupes françaises se replièrent en bon ordre et Denys de la Ronde les arrêta au gué de la rivière où elles tinrent tête à l’assaillant. Le 8 juin, combat assez vif où Subercase eut un cheval tué sous lui. Il se retira ensuite, couvrant parfaitement sa retraite. Décontenancé par la vigueur de la défense, l’ennemi resta dans l’inaction, le lendemain. Après quoi, il se disposa à assiéger le fort. Subercase fit brûler les maisons avoisinantes.

La tranchée était ouverte dans la nuit du 10 au 11. Le jour venu, 400 Anglais voulurent en sortir. Saint-Castin les y rejeta en désordre. Dans la nuit du 16, nouvel assaut, repoussé avec pertes. Au matin, les Anglais constatèrent que Saint-Castin manœuvrait de façon à couper les communications qu’ils gardaient avec leurs bateaux. Effrayés, ils levèrent le siège.

À Casco, March apprit que Boston avait commencé les réjouissances destinées à célébrer la prise de Port-Royal. N’osant s’y aventurer, il chargea plutôt des émissaires d’aller expliquer que sa défaite avait eu pour cause un soulèvement, même des principaux officiers, dans son armée. La nouvelle plongea le conseil de Boston dans la stupeur. Cet échec déshonorait la colonie dont le prestige ne se relèverait jamais aux yeux des sauvages. Le conseil ajouta à l’armée d’invasion 600 hommes et trois gros navires.

Le 20 août, la flotte anglaise paraissait à l’entrée du bassin de Port-Royal, « avec un vent aussi favorable qu’elle le pouvait désirer. Aussi à deux heures après midi était-elle mouillée, rangée en très bel ordre et hors de la portée des bombes ».

La nervosité régnait dans Port-Royal, mais Subercase se faisait fort de repousser l’ennemi. Non seulement il avait profité du répit pour parachever ses retranchements, mais il avait reçu le précieux renfort de soixante Canadiens amenés par Vincelotte, et des corsaires Bonaventure, Baptiste et Morpain.

Pierre Morpain de Blaye commandait un petit navire irrégulier, l’Intrépide, appartenant à M. de Charritte, gouverneur intérimaire de Saint-Domingue. En route, il avait pris une frégate anglaise, si l’on en croit Robert Chevalier dit Beauchesne 6. En tout cas, il avait précédé