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LE BARON DE SAINT CASTIN

dirigèrent leurs armes vers un tas de cailloux. Les autres constatèrent alors que les fusils étaient chargés à balles. Les sauvages n’avaient pas réalisé leur évidente intention de tuer le gouverneur Dudley et son état-major, parce que ces personnages s’étaient tout à coup rapprochés des chefs indigènes. Peu de temps après, les Anglais apprenaient qu’ils avaient échappé à un danger plus grand encore. En effet une nombreuse troupe de Français et d’indiens retardée en route devait surgir pendant les pourparlers 1.

Le 10 août, 500 Français et Abénaquis, commandés par M. de Beaubassin, prenaient d’assaut la petite ville de Wells. Divisés en plusieurs groupes, les assaillants ravagèrent ensuite tout le territoire entre Wells et Casco. En peu de temps, 130 personnes y perdaient la vie. La terreur et la confusion se répandirent dans la colonie ; les cultivateurs n’osaient s’aventurer dans les champs qu’en groupes, armés et protégés par des sentinelles.

De Portsmouth, on expédia en toute hâte un corps de 350 cavaliers qui, naturellement, ne trouva pas un seul sauvage. Jusqu’à l’hiver, les partis d’Indiens tinrent tout le pays, de Deerfield à Casco, dans une alerte continuelle.

« Leur commandant Bobassar (c’est-à-dire Beaubassin), écrit Niles, ayant dévasté tous les établissements anglais, voulut raser le fort, à Casco. Il en fut empêché par le capitaine Southack qui réussit à disperser une bonne partie de la flottille de 200 canots dans lesquels était venu son monde. Bobassar dut lever le siège ».

Au cours de l’automne, les Anglais saccagèrent la maison de Saint-Castin, absent 2. Cette année-là, les Franco-Abénaquis dévastèrent Wells, Casco, Deerfield, Kennebunk, Saco, Cape-Porpoise, Scarboro, Spurwinck, Purpooduck.

En février 1704, Hertel de Rouville et quatre de ses frères, à la tête de 300 Français et Indiens, s’emparaient de Deerfield, dont ils ne laissaient pas pierre sur pierre. La Nouvelle-Angleterre s’agitait désespérément. Elle offrit jusqu’à 40 livres sterling, somme alors énorme, pour chaque chevelure indienne, tant il était difficile d’atteindre les diables rouges.

Durant l’hiver, les majors Winthrop et Hilton, les capitaines Chepley et Davis se mirent en campagne, avec des hommes chaussés de raquettes. Ils ne tuèrent pas un seul Indien.