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LES FRANÇAIS ET SAINT-CASTIN

Le baron ne retrouvait de la famille que les querelles venimeuses, les conflits d’intérêts sordides, les batailles autour des successions.

Il ne restait de la maison de Saint-Castin, en Béarn, que la sœur de Jean-Vincent, Mme de Labaig, personne dominée par son impérieux mari.

Le juge Labaig était, forcément, le seul administrateur des biens patrimoniaux. La connaissance approfondie du droit qu’il devait à sa carrière lui avait appris le moyen de s’emparer de la fortune confiée à ses soins. Le chef de la famille, Jean-Vincent, ne reviendrait jamais de la sauvagerie où il se complaisait et où il finirait bien par se faire casser la tête. Après, on roulerait facilement ses enfants, mi-français mi-sauvages, et ignorants des beautés de la législation civilisée.

Ainsi avait raisonné le juge Labaig. Il se considérait si bien comme l’unique continuateur de la famille qu’il en avait fait enregistrer les armes à son nom 23. Démasqué par son beau-frère, il n’allait pas rendre gorge. Il s’acharna, ayant recours à tous les moyens dilatoires qu’une loi confuse lui pouvait offrir, poursuivant pendant des années une lutte crapuleuse dont Balzac aurait pu s’inspirer.

Les premiers règlements de comptes se passèrent fort bien. Le 21 juillet 1702, le baron de Saint-Castin obtenait l’adjudication d’une somme de 2 100 livres prélevée sur les biens de son oncle Jacques de Bonasse 24. Le 16 janvier 1703, Labaig et son fils Jean-Vincent, avocat en la Cour, remettaient à Saint-Castin une obligation de 24 000 livres représentant la part du baron dans les successions de sa mère et de ses oncles Jean de Saint-Castin, curé d’Arette et Jean-Pierre de Saint-Castin, archiprêtre de Galan. Ce document comportait quittance des avances du juge Labaig à son beau-frère pendant le séjour en Acadie et, d’un autre côté, décharge des sommes dues par Labaig pour la jouissance de la terre de Saint-Castin ou l’encaissement des droits seigneuriaux de Saint-Castin et d’Arette. Simples écritures que tout cela ; peu d’argent changea de mains. Il n’y eut pas de difficultés.

Les ennuis commencèrent quand on aborda le sujet principal, c’est-à-dire la succession de Jean-Jacques d’Abbadie, frère aîné de Jean-Vincent décédé en 1674 et dont