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LE BARON DE SAINT-CASTIN

d’une Grammont, fut décapité pour tentative d’empoisonnement sur la personne de Madeleine de France et de Catherine de Foix. Ce sombre seigneur laissait un fils, Roger, dit le baron de Béarn, qui acquit une grande renommée militaire et qui fut, au dire de Brantôme, « brave et brillant capitaine, grand entrepreneur et toujours à cheval, et fort importunant l’ennemi ». Il guerroya aux côtés de Gaston de Foix, de Bayard et de Montluc.

La famille compta un autre personnage fameux pendant les guerres de religion. En 1569, quand Charles IX de France voulut mettre la main sur le Béarn, au pouvoir de Jeanne d’Albret, il s’appuya surtout sur François de Béarn, appelé communément le capitaine Bonasse.

François de Béarn mena rudement la rude guerre de partisans. Montluc en fit l’un de ses principaux lieutenants. C’était un curieux homme. Du fond de sa tranchée devant Navarrenx, ayant aperçu Bertrand de Gabaston sur le rempart, il le salua très civilement et lui demanda de ses nouvelles ainsi que de sa famille. L’officier répondit non moins courtoisement, se disant fort marri de voir que les circonstances les séparaient de la sorte. Mais la conversation prit mauvaise tournure quand les deux partisans se reprochèrent l’un l’autre d’avoir introduit l’étranger dans la patrie. Et les deux hommes s’injurièrent homériquement du rampart à la tranchée.

À quelque temps de là, Bonasse, forcé d’évacuer Nay, déposa aux portes de la ville dix tonneaux de vin dans lesquels des apothicaires avaient mis des crapauds, ce qui était poison mortel, croyait-il. Il comptait que la troupe adversaire, altérée, se jetterait sur le vin et s’anéantirait elle-même. En se retirant, par surcroît de précaution, il saccagea tout sur son passage afin d’affamer l’ennemi. Il soutint victorieusement un siège à Lourdes, mais fut tué par les sicaires de Jeanne d’Albret dans Tarbes où il finit par se jeter avec ses bandes, et où Montluc lui avait donné commission de tenir « de par Dieu ou de par le Diable ».

Le fils de ce bon guerrier, Henri, n’eut d’autre distinction que d’être le père de Jacques de Béarn-Bonasse premier du nom, abbé d’Arette, et de Jean de Béarn-Bonasse dont la fille Jeanne épousa Henri d’Aramits, le mousquetaire à qui Alexandre Dumas conféra, sous le