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LES FRANÇAIS ET SAINT-CASTIN

Les Abénaquis n’avaient d’autre ressource que de reprendre leur commerce avec les Anglais. Par conséquent, Saint-Castin rentrait en relations commerciales avec ses ennemis d’hier, puisque, depuis 1674, il se chargeait des affaires de la tribu. Il y était tenu davantage depuis la mort de Madokawando, ses responsabilités devenant plus grandes.

Les échanges reprenaient même avant la signature du traité de paix. En effet, le 4 octobre 1698, Villebon écrivait : « Les Anglais feront toujours la traite en Acadie et surtout à Pentagoët où les Français qui y sont prennent des rendez-vous. Le nommé Caldin ayant été à Pentagoët environ le 15 août dernier où il a traité beaucoup de pelleteries, et donné des marchandises au gendre du sieur de Saint-Castin 3 et aux trois Français qui sont à Pentagoët ». Il proposait d’établir ces gens à Pessemonedi 4, sans insister, puisque, le 9 décembre, il parlait de rétablir le fort de Pentagoët, entreprise facile et avantageuse à cause de la présence de Saint-Castin. On y pourrait élever une forteresse importante 5. Le projet était intéressant, les Anglais menaçant de réoccuper Pemquid et les deux rives de la Kennébec 6.

Le missionnaire de Pentagoët, à la demande de Villebon, priait ses collègues des cantons avoisinants d’abandonner tout commerce avec les Anglais, mais en vain. Les Anglais y venaient quand même 7. Les prêtres, ajoutait le gouverneur de l’Acadie, continuaient à commercer et « celui qui est à Pentagoët le fait plus ouvertement que ceux qui l’ont précédé ».

Le 7 avril 1691, le ministre demandait à l’évêque de Québec de rappeler l’abbé Petit de l’Acadie : il se mêlait de ce qui ne le regardait pas, prétendant que les habitants ne pouvaient se passer des Anglais. Dans un mémoire du 22 octobre 1699, le gouverneur de l’Acadie notait que Pentagoët servait uniquement à la traite et qu’on ne s’y livrait pas à la culture du sol, oubliant que les guerriers de ces parages, toujours sur le sentier de la guerre, n’auraient pu cultiver des terres sans cesse parcourues par l’ennemi. De son côté M. de Bonaventure, envoyé dans la région pour examiner les forêts dont on voulait tirer des mâts de navires, reçut un accueil si froid qu’il récrimina violemment :

« Les habitants de Pentagoët, écrivait-il, ne voulurent point donner leurs pelleteries par la facilité qu’ils ont d’en traitter avec les An-