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IBERVILLE ET SAINT-CASTIN

où demeurait sa famille. Le 22 février, trente Indiens surgissaient dans ce village, et tuaient plusieurs personnes, dont Chubb et sa femme. La mort de Chubb, écrit Hutchinson « leur causa autant de joie que la prise d’une ville entière, parce qu’ils satisfaisaient la vengeance à laquelle ils tenaient tant à cause de sa perfidie et de sa barbarie à l’égard de leurs compatriotes ». Ils s’acharnèrent sur son cadavre le perçant de nombreux coups de feu, le déchiquetant littéralement, « juste récompense de sa trahison » (Drake, p. 306).

La guérilla se poursuivit jusqu’en 1699 36, alors que l’ardeur des Indiens se ralentit.

Madokawando était mort en 1698, ainsi que d’autres chefs « of a grevious unknown disease which consumed them wonderfully » (Mather, I, 649). S’il était remplacé par d’excellents chefs, dont son gendre Saint-Castin, personne ne pouvait comme lui communiquer une ferveur mystique aux Peaux-Rouges. Sa mort laissa désemparées les tribus qui le considéraient un peu comme un prophète ou un représentant de l’Au-delà.

Justement, les Anglais manifestaient l’intention de traiter de bonne foi. Les Abénaquis y consentirent d’autant plus volontiers que la France, n’ayant plus immédiatement besoin d’eux, avait arrêté les secours : Frontenac leur avait annoncé en termes non équivoques qu’ils ne pouvaient plus compter sur lui.

Les sauvages posaient comme conditions à la paix que tous les prisonniers leur seraient rendus ; que les Anglais ne s’établiraient pas dans leurs territoires et ne prétendraient à aucune autorité sur eux puisqu’ils reconnaissaient l’alliance du roi de France.

Les colonies déléguèrent au congrès de Casco le colonel Phillips, le major Convers et le capitaine Cyprian Southack. Les Abénaquis envoyèrent des sachems de toutes les tribus intéressées. Moxous représentait les Pentagoëts. Les pourparlers furent ardus, mais, au cours de l’hiver, on signait enfin le traité.

Ainsi prenait fin une guerre de douze ans, la guerre de Saint-Castin, menée avec vigueur et cruauté de part et d’autre. Tous les établissements anglais de la frontière étaient dévastés et les colonies, chargées de dettes énormes. Les sauvages avaient beaucoup moins souffert, ayant perdu peu de monde et pouvant sans difficulté relever leurs wigwams.