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LE BARON DE SAINT-CASTIN

ses frères Portneuf, Des Îles et Neuvillette, sur la rivière Saint-Jean, à terminer son fort de Naxouat. Les sauvages annoncèrent leur victoire et les plans de campagne élaborés par Madokawando contre Convers.

L’enthousiasme fut grand chez Villebon. Non contents de combler les sauvages de cadeaux, les Français ouvrirent un baril de vin à l’intention de leurs hôtes.

Le coureur de bois Portneuf entonna un chant de guerre en abénaquis, puis dansa avec les barbares au son des whoop-whoop belliqueux.

Le gouverneur de l’Acadie proposa aux sauvages de leur adjoindre, dans leur prochaine expédition, un groupe de ses soldats.

Aux premiers jours de juin 1692, Portneuf et La Broquerie avec une vingtaine de Canadiens arrivaient dans la capitale de Saint-Castin. Des Micmacs et des Malécites y étaient déjà ; des Abénaquis de Norridgewock arrivèrent bientôt. Toute la campagne environnante se couvrit de tentes. Les fêtes, les palabres, les échanges de cadeaux se succédèrent.

Quand l’armée se mit en route, Saint-Castin, Madokawando, Moxous (principal lieutenant de Madokawando depuis la mort de Mugg), Egeremet et Worombo commandaient les indigènes.

Traversant la baie de Pentagoët, leur avant-garde entra bientôt en contact avec l’ennemi commandé par le lieutenant Wilson, sur la Cocheco, où elle fut anéantie. Mauvais début de campagne.

On les attendait de pied ferme à Wells, dont la garnison de 500 hommes sous la direction de Convers était bien approvisionnée en vivres et en munitions. Phipps, devenu gouverneur du Massachusetts, avait renforcé les garnisons de la frontière. Le capitaine Greenleaf occupait York et le major Hutchison avait pris le commandement en chef de la région.

Le 9 juin, comme la petite armée franco-indienne arrivait en vue de Wells deux sloops (capitaine Samuel Storer et James Gonye) paraissaient dans la rivière, chargés de marchandises et d’une compagnie destinée au fort.

En même temps, les bestiaux arrivaient en trombe des champs où les sauvages avaient tiré sur eux. La garnison, prévenue, prit ses dispositions.

L’assaut ne tarda pas à se produire. Sûrs du succès, les Franco-Indiens négligeaient leurs ruses habituelles