Malo, mais les Bretons, de leur côté s’écrient :
— C’est un incompétent.
D’Iberville écrira au ministre que l’insuccès venait d’erreurs grossières dans la manœuvre navale. M. de Brouillan n’est pas d’humeur à le recevoir. M. de Muy, espérant bien pêcher quelque chose dans ces eaux troubles, lui remet les Canadiens de Québec. Il refuse de les rendre à Le Moyne.
— Lisez, les instructions de la cour, lui dit Pierre.
— Je n’en ai que faire.
Il les écarte sans les lire. Alors d’Iberville de rassembler ses gens pour leur donner lecture des ordres « qui portaient qu’il était seul maistre de la guerre d’hyver ». Brouillan se fâche.
— M. de Muy et moi tuons le premier qui nous désobéira. Les hommes du Canada auront M. de Muy pour commandant.
Puis il aborde un sujet brûlant.
— La moitié des prises sera pour moi.
Comme cet irascible personnage connaît peu son monde ! Les Canadiens se révoltent : M. d’Iberville les a engagés, il leur verse leur solde ; ils ne serviront sous aucun autre officier et n’accorderont aucune part des dépouilles à Brouillan. Tout doit leur rester d’après les conventions. D’Iberville sent aussi la moutarde lui monter au nez. Il rentrera à Versailles pour se plaindre, me-