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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE

Le New Port amène et met en panne, démâté. Bonaventure l’amarine et le donne à Baptiste, pour le conduire à la rivière Saint-Jean. Le Sorling échappe, à la faveur de la brume. « Heureuse brume pour ce navire ! Il aurait assurément fait le voyage de France ».

Les navires français prennent M. de Villebon et cinquante sauvages, avant de se rendre au rendez-vous de Pentagoët, où M. de Thury et Jean-Vincent d’Abadie baron de Saint-Castin avaient amené 150 sauvages. Ce Saint-Castin était un gaillard ! Venu au Canada, à l’âge de quinze ans, comme enseigne dans le régiment de Carignan, il avait mené une vie désordonnée dans les bois, parmi les tribus indiennes, où les femmes avaient des faiblesses pour les blancs. Il avait épousé la fille d’un sachem abénaquis et il était devenu chef de la tribu.

MM. de Montigny, de Villieu et de Thury partent par la voie de terre avec le père Simon et les sauvages pour investir Pemquid. Les navires s’y rendent aussi. Cette fois, d’Iberville est assez fort. Il somme rudement les assiégés : « Rendez-vous, sinon, il n’y aura pas de quartier ». Ils veulent se battre, disent-ils, mais ils sont paralysés de frayeur. Mortiers et canons entrent en danse. À la cinquième bombe, les Anglais se rendent, tout tremblants, demandant seulement à être transportés à Boston. Les vainqueurs le leur accordent, à condition qu’ils ren-