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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

rut. M. d’Iberville vivait dans la solitude de son cœur.

Forcément inactif, il passe l’hiver de 1693 à Québec, oisiveté inconnue depuis des années. On le fête, car il prend de l’importance : même les bureaux de Versailles lui en reconnaissent. S’étant formé dans ceux de Paris, il fait bonne figure dans les salons coloniaux. Il est en butte aux intrigues des mères de filles à marier, intrigues dont ses voyages l’ont préservé. Obéissant à des considérations où le cœur a peu de part, il épouse en grande pompe, comme il sied au rang des deux familles et à sa propre réputation, Marie-Thérèse de La Combe-Pocatière, fille d’un capitaine au régiment de Carignan.

La cérémonie est sans joie pour lui, car un événement l’a précédée, de nature à lui rappeler trop vivement, non seulement la faillite de sa vie sentimentale, mais la tache de sa carrière d’homme d’honneur. Six jours avant le mariage, conduite par ses beaux-frères, Jacques Malleray de la Mollerie, Jean-Baptiste Celoron de Blainville et Alphonse de Tonty, Geneviève entrait chez les religieuses de l’Hôtel-Dieu de Montréal, auxquelles la famille versait une somme de 3 000 livres pour sa pension. Elle y écoulera une vie obscure, dans le désespoir et dans l’opprobre où la tient la famille implacable. Quand elle mourra, le 2 juin 1721,