Pour l’heure, il veut chasser à jamais les Anglais de la baie d’Hudson. Il demande seulement quelques canons et des boulets pour armer un navire que la compagnie se résout à acheter : « Je ne fais nul doute que si on nous veut secourir de ce que je vous demande, nous viendrons à bout de nos desseins ou y périrons ».
Il ne s’agit plus, en effet, de défendre les intérêts de quelques commerçants. Dans ses rêveries solitaires de la baie du Nord, Pierre Le Moyne a enfin trouvé le but de sa vie. Pour atteindre l’idéal qu’il se propose, à la suite de ce pauvre La Salle, assassiné sur les bords d’un bayou louisianais, l’année précédente, il faudra plus que des explorations ou l’établissement de colonies. L’observation, la réflexion lui ont appris que la France et l’Angleterre ne peuvent rester côte à côte en Amérique. L’une devra s’en aller ; l’autre fondera un empire. Et la lutte sera implacable entre elles.
Avec un sens extraordinaire des réalités, d’Iberville verra longtemps à l’avance les événements inéluctables. Sa lettre du 21 septembre 1688 prédit le massacre du mois d’août suivant, comme la guerre sanglante qui doit alors s’engager et où il faudra rappeler le comte de Frontenac pour tenir tête à l’Anglais. De même, quelques années plus tard, il annoncera la défaite de 1759.
Il faut déloger l’Anglais : il y contribuera de