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À LA BAIE D’HUDSON

gnifier une plainte « pour crime de rap et seduction commis en la personne de sadite belle-sœur ». Françoise de la Mollerie, sœur de l’offensée, avait déposé cette plainte entre les mains du bailli le 10 mai 1686. Une fille était née en juin.

Geneviève ! Sa pensée a rempli les longues soirées de la baie du Nord. Souvenir adouci par l’éloignement, par le temps. Il ne s’y mêlait plus l’amertume des indécisions qui avaient précédé le départ de Montréal. Aux prises avec tant de dangers, perdu loin de la civilisation, Pierre avait oublié les ennuis de cette civilisation. Il aimait Geneviève et, seule, la douceur de cet amour persistait. Mais, revenu dans les sociétés organisées, puisqu’on l’attaque, il va se défendre. Son honneur en jeu, sa liberté compromise, il fera taire son cœur. Et Geneviève sera victime des animosités de sa famille.

Le 6 novembre, le bailli fait défense à d’Iberville de « désemparer de ce pays apeine d’estre atteint et convaincu desdits crimes ». Le gouverneur intervient ; il passera en France pour rendre compte des affaires de la baie d’Hudson, à charge de constituer un procureur et d’être de retour « dans l’arrivée des vaisseaux de l’année suivante ». Le 18, il est interrogé par Jean-Baptiste Despeiras, conseiller-commissaire. Il répond de son plus grand sérieux, mais chatouillé par l’envie de rire à la vue