et La Noue, il a sauvé la troupe de bien mauvais pas et il a appris à discipliner ses gens, à se servir de ces bons guerriers.
Les Canadiens sont de bien difficiles gaillards. Dès le début du voyage, une querelle s’éleva entre les occupants d’un canot « qui aiant beu vouloient se tuer ». Le commandant envoya « de la Noue avec cinq hommes qui mirent le hola et ostèrent le fusil du plus mutin, qui en couchoit un autre en joue ». Le 3 mai, le nommé Lamiot désertait avec trois hommes, emportant les vivres, armes et munitions de leur canot. M. de Troyes, pour les assouplir, dès le 14 avril, leur fait monter la garde, les divisant en pelotons, avec sergents, caporaux, anspessades. « Et ainsi je les assujettis peu à peu à la discipline que demande la régularité du service et qui seule manque à la valeur naturelle des canadiens ». Un autre jour, il en a fait attacher un à un arbre pour le punir. Quelques mutins voulurent exciter une sédition. « Mais je les ramené en peu à leur devoir… et je connus dans cette occasion le caractère des canadiens dont le naturel ne s’accorde guère avec la subordination ».
C’est avec ces mauvaises têtes que d’Iberville accomplira tous ses exploits et qu’il se fera fort de chasser les Anglais de l’Amérique.