Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

l’incendie s’appelait Saint-Laurent ; et, quand, de retour à Québec, mettant au net son journal de voyage, M. de Troyes en arrivait à ce passage, le tocsin l’interrompit : le couvent des Ursulines brûlait. « Ce qui me donne lieu, ajoute-t-il, d’advertir le lecteur de prendre garde au feu en lisant ce passage, s’il en fait la lecture à la chandelle ».

La fin du voyage approche. À la hauteur des terres, le commandant construit le fort de l’Abitibi, près d’un endroit illustré par une légende, ou peut-être un fait historique. Les gens des Cinq-Cantons avaient massacré tous les sauvages du pays, ne gardant qu’une femme pour leur servir de guide. Elle les conduisit vers le haut d’une chute aux abords masqués. Faisant approcher le canot de tête où elle était, elle saisit des branches pendantes pour s’élancer sur la rive, tout en repoussant du pied l’embarcation qui s’enfonça dans le gouffre. Les autres suivirent aveuglément. Souriante, vengée, la sauvagesse les regardait disparaître.

Après un dernier rapide, où Noël Leblanc se noya et d’Iberville pensa avoir le même sort, les voyageurs aperçoivent, le 19 juin, d’une hauteur, la baie James. La marche est finie. On va se battre.

D’Iberville va donner sa mesure. Mais il a déjà montré ce dont il est capable. Avec ses frères