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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

les raccommoder, il est constant qu’il estoit impossible de résister davantage à une si longue fatigue. Il est aisé d’en juger par le temps qu’ils mirent à faire environ une lieue et demie de chemin, qui fut depuis six heures du matin jusques à six heures du soir. Ils estoient mouillez ; et plus souvent dans l’eau qu’en canot ».

Ils passent à la Chaudière ; au Portage des Chats, où les roches « égratignent, par manière de parler, les canots des voïageurs » ; à l’île des Calumets, près de laquelle se trouve « une pierre bleue propre à en faire » ; aux Allumettes, où un jésuite oublia autrefois une boîte d’allumettes ; à la colline de l’Oiseau, près du rapide des Joachims, où l’on baptise ceux qui n’y sont pas encore venus.

Avec bien de la peine, ils atteignent « Mataouan », d’où ils se dirigent vers le nord. M. de Troyes rencontre Juchereau allant de Missilimakinac à Québec, puis des sauvages de plus en plus nombreux : il sort de la solitude absolue. En trois jours, il arrive au poste de la compagnie du Nord. Dans une île du lac « Themiskamingue », à l’embouchure de la rivière « Metabec Chouan », quatorze Français font la traite.

M. de Troyes reconnaît la mine du Témiscamingue. Le voyage reprend ensuite, toujours pénible. Mais le plus grand danger attend les voyageurs. Des canotteurs allument un feu qui se