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À LA BAIE D’HUDSON

être canadien ou fou pour se lancer. M. de la Potherie, cet Antillais égaré dans les glaces du pays esquimau, dira tout uniment : « Et il fallait être Canadien pour supporter les incommodités d’une si longue traverse ».


III


Nos gens partent de Montréal le 20 mars, « tirant droit au bout de l’isle ». M. de Callières a passé la petite troupe en revue. Et la dernière vision qu’a le beau lieutenant d’Iberville, défilant à la tête de son peloton, est la figure de Geneviève, ravagée par le désespoir. Sa joie en est tuée du coup.

Au bout de l’île, ils restent dix jours pour préparer les traîneaux nécessaires au voiturage des vivres sur les glaces, car le dégel n’est pas venu. Dès l’arrivée, le soldat Pourpoint déserte. Le voyage commence mal. Mais, on l’apprendra au retour, le déserteur paiera cher sa fugue : le 22 mai suivant, à la Basse-Ville de Québec, pour ce crime et pour outrage aux mœurs, il sera pendu après avoir été conduit en chemise, une torche ardente au poing, devant l’église paroissiale. Les exécutions étaient des spectacles publics en ce bon vieux temps.

Les journées sont rudes. Mais, le soir, M.