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À LA LOUISIANE

ce sa flotte de 24 brigantins et corsaires des îles et s’adjoint de nouveaux boucaniers. Dans les plaines de la Guadeloupe, il passe ses troupes en revue. À côté des marins, douze cents « canailles », aventuriers de tout crin, « aux habillemens dépareillez, plumets magnifiques, perruque et grand ruban or et soie au col d’une chemise bleue, caleçon goudronné sans juste-au-corps, bas, ni souliers ». C’est la fleur de la flibuste. « Il leur suffisoit de voir un bâtiment et de pouvoir s’en approcher pour compter sûrement sur sa prise ». Ils ne regardaient pas trop aux moyens, mais le père Labat les tient pour de braves gens, car « ils ont un très grand soin de faire part de leur bonne fortune aux Églises ». De ces libertins de l’Amérique, Canadiens ou Antillais, coureurs des bois ou boucaniers, Le Moyne d’Iberville fait des héros. Écumeurs des bois ou des mers, il lui faut ces êtres rudes pour les entreprises hardies. M. d’Iberville fait toujours la guerre rudement. Les longues campagnes élégantes ne sont pas son fait.

Il n’attaque pas encore. Il lui faut des approvisionnements, de l’or pour ses flibustiers, d’autres vaisseaux, de nouvelles troupes : il se procurera tout cela à Nevis, la Nyèves des Français.

Le chevalier de Nangis et M. du Coudray, mettant en fuite la petite flotte d’Antigoa, libèrent la route. Immédiatement, la division de Le Moyne