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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

tes de l’Amérique six cents bateaux de commerce sans compter cinq cents autres embarcations, caiches, brigantins et felouques, employés au transport entre les diverses colonies.

D’Iberville soumet son mémoire à l’ambassadeur d’Espagne, Castel dos Rios, qui l’assure de l’approbation de la Junte. Il se trompe fort. Les conseillers, gonflés de fierté castillane, affirment qu’il faut garder Pensacola et, au besoin, la faire défendre par l’armée navale de Barlovento, la barlovente. Les Anglais, pour eux, sont négligeables : « Il ne paroist pas qu’ils soient fort à craindre, ni qu’ils aient dans leurs colonies voisines, à beaucoup près, le nombre de familles marquées dans le mémoire de M. d’Iberville ». À des chiffres et des données précises, ils répondent par des déclarations vagues. Quant aux colonies « que les François ont usurpées au fleuve de Mississipy », ils devraient les céder à l’Espagne et Louis XIV, demander à ses commandants de recevoir les patentes du Roi Catholique dont ils seraient les sujets. Le conseil, ressuscitant la vieille bulle d’Alexandre VI qui accordait à la monarchie espagnole l’investiture des fameux 180 degrés à peine d’excommunication contre les « usurpateurs », ordonne aux Français de déguerpir.

C’en est trop. Pontchartrain se charge de la réplique et n’y va pas de main morte. Il adopte en-