vraiment, qui sauront prévoir. La lutte s’engage tout de bon et l’enjeu de cette lutte est l’hégémonie, ou bien la mort de la puissance coloniale. À distance, ces vues apparaissent comme des prophéties.
« Si la France ne se saisit de cette partie de l’Amérique, qui est la plus belle, pour avoir une colonie assez forte pour résister à celle de l’Angleterre qu’elle a dans la partie de l’est depuis Pescadoué jusques à la Caroline, la colonie anglaise, qui devient très considérable, s’augmentera de manière que dans moins de cent années elle sera assez forte pour se saisir de toute l’Amérique et en chasser toutes les autres nations ». Moins de soixante ans plus tard, l’événement donnera une confirmation éclatante à cette parole.
Vauban partage ces vues : « Si le Roy ne travaille pas vigoureusement à l’accroissement de ces colonies, écrit-il à Pontchartrain, à la première guerre qu’il aura avec les Anglais et les Hollandais, qui s’y rendent de jour en jour plus puissants, nous les perdrons, et pour lors nous n’y reviendrons jamais ».
Comment parer à ce danger ? En s’établissant solidement sur la côte de la Floride, écrit d’Iberville. Les colons y « deviendront puissants et, en moins de cinquante ans, joints aux sauvages du pays, seront en estat de tenir en bride toute la