son temps. Sa clairvoyance se révèle dans un autre passage : « Nous n’augmentons pas dans les îles à proportion des Anglois, qui sont des gens qui ont l’esprit de colonie, et quoyqu’ils s’y enrichissent, ne retournent pas en Angleterre et restent et font fleurir par leurs richesses et grandes despenses, au lieu que les François les abandonnent et se retirent si tost qu’ils y ont un peu gagné de bien ».
Pour les combattre, d’Iberville a bien étudié les Anglais et il ne laisse pas de voir en eux, à côté de leurs faiblesses, leurs supériorités. Il reste, en outre, le colonial élevé dans les colonies, décidé à y faire sa carrière.
Les bureaux accordent à Pierre Le Moyne tout le concours dont ils sont capables. Même lorsqu’il heurte le plus leurs idées, ils lui font confiance, tant est grand son prestige. Mais il sera en butte à la jalousie des marchands canadiens comme La Salle. Et, à leur tête, le grand adversaire de Robert Cavelier, l’oncle de Pierre : Jacques le Ber. Le père de la recluse est âpre au gain ; aucune considération ne l’arrête quand son intérêt matériel est en jeu. Ne pouvant atteindre d’Iberville, trop bien en cour, il s’en prend à ses frères et à ses neveux. Pierre écrit un jour au ministre : « On est si prévenu au Canada contre moy et tous les gens qui ont quelque rapport au Mississipi, qu’il suffit qu’ils m’appartiennent pour devenir suspects aux