d’empescher dans les commencemens ces sortes de commerces, qui empeschent son avancement et par un très grand nombre d’hommes et des meilleurs qui se débandent et ne cultivent point les terres, ni ne se marient ».
L’expérience du Canada lui sert. Il sait comme les gouvernants y ont de difficultés avec les coureurs de bois, qu’ils ne peuvent plus ramener au respect des ordonnances. Il demandera d’ailleurs qu’on les lui envoie au Mississipi : il sait les mener et il a toujours eu un faible pour ces difficiles gaillards avec lesquels il a accompli tous ses exploits. En marge de son mémoire sur ce sujet, il note : « Ce sont les restes de ces libertins, contre lesquels on crie depuis si longtemps. On pourroit les arrester, en les establissant sur le Mississipi ou sur les rivières qui y tombent, en leur permettant mesme de se marier avec les Sauvagesses qui se feront chrestiennes. Si on les effarouche, ils pourront prendre party avec les Anglois, et ce sont gens qui, estant bien menés, sont capables de tout entreprendre ». L’insubordination des coureurs, il ne l’ignore pas, naît du monopole rigide de la traite au Canada, quand le commerce est libre dans les colonies anglaises.
La grande préoccupation de Pierre Le Moyne est l’agriculture. Les gens se trompent fort qui s’attendent à tirer des colonies des richesses fabuleuses