Page:Daviault - La Grande aventure de Le Moyne d'Iberville, 1934.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

doive se faire par terre et qu’il soit marin. Mais, à terre ou sur mer, il veut connaître enfin l’aventure. Les occasions ne sont pas si nombreuses ! Les dirigeants l’ont accepté avec empressement ; ils ont même pris un autre Le Moyne, Paul de Maricourt. Ce sera désormais de tradition : où il y aura un Le Moyne, on en verra au moins un autre, les frères n’iront jamais seuls. Il est juste que la famille se dépense à la baie du Nord. N’y va-t-on pas pour défendre les intérêts de la Compagnie, fondée quatre ans plus tôt, dont Charles Le Moyne avec l’oncle Jacques Le Ber ont été les principaux associés ? Les Le Ber ne sont pas nombreux et leur nombre ne s’accroîtra guère. La fille, Jeanne, n’amènera jamais un gendre à la maison paternelle ; elle vit enfermée dans une cellule, plongée en un mysticisme que son remuant cousin respecte sans le comprendre.

À l’idée de partir, il exulta et s’en fut porter la bonne nouvelle à sa chère Geneviève. Pierre d’Iberville, homme sain, n’est pas insensible aux charmes des femmes. Il aime cette petite Picoté de Belestre, à peine âgée de 19 ans. Orpheline, vivant chez Mme de la Mollerie, sa sœur, elle est assez ; libre. Le sexe ne résiste pas au plus beau des Le Moyne. Elle ne s’est pas refusée. On s’aime tant ! Les exemples ne manquent pas. Vivant dans l’anxiété, on se dépêche de goûter à