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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

devanciers persisteront-elles au point de rendre possible le système de Law.

La Salle et Hennepin avaient des raisons cachées pour représenter la région du Mississipi sous des couleurs fallacieuses. Le dernier, hâbleur de son naturel, ne doutant de rien, avait conçu le projet de remplacer son commandant en se donnant comme possesseur de secrets merveilleux. Il avait une telle force de persuasion, tant d’entregent, qu’il y eût réussi, pendant un temps, n’eût-il eu affaire, en France, à des hommes d’esprit positif comme Louis XIV, Pontchartrain et Vauban. N’avait-il pas leurré les savants et Guillaume d’Orange ? La Salle exagérait pour d’autres motifs. D’origine obscure, il n’avait eu pour se recommander que le mérite de ses explorations, très grand, mais mal compris dans la métropole. Il avait eu Frontenac pour protecteur, mais le gouverneur détesté des marchands et des jésuites lui avait attiré de nouveaux ennemis. Au surplus, ruiné par ses voyages, criblé de dettes, il perdait un temps précieux à chercher des fonds.

D’Iberville, de sa nature, ne pouvait voir et exposer que les faits. Il se refusait à fonder sur le mensonge, se sachant au reste de taille à réussir en s’appuyant sur la seule réalité. Il avait le prestige que confère la gloire militaire, la protection de Pontchartrain et de Vauban, et tout le crédit de sa