Mobile. Mais il n’aura pas le loisir de mener à bien cette entreprise, et seul son frère de Sérigny sera comte.
Comprend-il que le temps lui est compté ? Il se décide à exprimer toute sa pensée, dans ses mémoires. Le grand rêve qu’il caresse depuis sa rencontre avec La Salle, en 1683, il l’expose hardiment, car il en voit maintenant la réalisation possible. Se méfiant de son manque de formation, il use de précautions oratoires ; par exemple : « Il y auroit nombre de raisons à dire là-dessus, qui demanderoient un meilleur escrivain que moi pour les bien destailler ». Mais son style dépouillé, en dépit d’une abondance excessive de conjonctions, même pour un temps où l’on affectionne les qui et les que ; clair et précis, sans rien de la clinquaillerie (pour reprendre l’un de ses mots) chère aux écrivains médiocres de son époque, en fait un auteur fort acceptable. Il lui suffit de dicter ou de se faire recopier, pour l’orthographe.
Ce qui frappe surtout dans ses mémoires sur la Louisiane, c’est le souci de vérité. Contraste frappant avec les fables racontées par Hennepin et, à un moindre degré, par La Salle. Mais les lettres de Pierre Le Moyne ne sortiront pas des bureaux : trop modérées, elles ne peuvent éveiller l’imagination d’un public avide de pittoresque outré dans les récits de voyages. Aussi les idées répandues par ses