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À LA LOUISIANE

l’eau jusqu’aux genoux, au ventre et quelquefois jusqu’au cou. Il est bien désavantageux à un homme de moyenne taille d’aller dans de pareils pays. Je vois de mes gens qui n’en ont que jusqu’à la ceinture, tandis que moy et d’autres sommes à la nage… » Plus loin : « Nous faisons de petits cajeux ou radeaux, sur quoy nous mettons nos bagages et, à la nage, nous poussons le cajeu à l’autre bord, après avoir tiré beaucoup de coups de fusil sur les crocodiles pour les escarter ».

Et puis, ce mot admirable du garçon de vingt ans : « Voyla un bon mestier pour tempérer les feux de jeunesse. Nous ne laissons pas de chanter et rire, pour faire voir à nostre guide que la fatigue ne nous fait pas de peine et que nous sommes d’autres hommes que les Espagnols ». D’Iberville embrasse son jeune frère : voilà un bon Le Moyne !

Bienville est passé chez les Pascogoulas, où les hommes sont « nus comme la main » et les femmes ne portent qu’une touffe d’herbe, « que les Français qui sont dans le pays nomment Barbe à l’Espagnole et que les Espagnols en revanche appellent Perruque à la Françoise ». Mais ce n’est pas Bienville qui nous fait connaître ce détail ; c’est ce paillard de Pénicaut, narrateur plein de verve de tous les voyages.