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À LA LOUISIANE

che : quand un garçon a dansé avec une fille « il lui est permis de la conduire à l’autre bout du village, dans un des bosquets de la prairie, où il danse avec elle un autre cotillon à la Mississipienne ». Leur religion enseigne que seules les filles « qui se seront bien diverties avec les garçons » passeront facilement après leur mort « la planche très étroite et difficile » qui conduit à l’autre monde. Ces mœurs n’empêchent pas un certain courage, puisque les funérailles d’un cacique s’accompagnent d’hécatombes volontaires.

Les sacrifices humains se voient chez leurs voisins aussi. Laissant les Natchez, d’Iberville monte aux Taensas. Le père de Montigny a empêché quelques jours plus tôt l’immolation de quinze à vingt hommes, qu’exige la coutume, à la mort d’un chef. Le hasard veut qu’à l’arrivée d’Iberville la foudre détruise le temple. Les sauvages poussent des hurlements, s’arrachent les cheveux et lèvent les bras au ciel. Irrité au plus haut point de l’intervention du missionnaire, le grand prêtre se met à crier :

— L’Esprit est fâché, parce que personne n’a accompagné le chef pour le servir. Les blancs sont cause de ce malheur.

La coïncidence frappe tellement les indigènes qu’ils ferment l’oreille aux exhortations du jésuite.

— Femmes, apportez vos enfants, hurle le prê-