aller conduire des Anglais et des Français réfugiés dans la rivière de Spiritu-Santo qu’ils prennent pour le Mississipi. L’un est commandé par un capitaine nommé Bank, que j’ai pris deux fois à la baie d’Hudson. C’est un étourdi, peu capable. L’autre, sur lequel roule l’entreprise, s’appelle Leu, qui est français. Un nommé Lamale est à Londres, prêt à partir, à la première nouvelle de leur arrivée, avec deux bâtiments. Ils ne parlent à Londres que du Mississipi ; que si je me mets d’un bord, ils se mettront de l’autre. Il ne faut plus tarder, monseigneur.
La précision des détails impose au ministre. D’Iberville ne s’avance jamais à la légère et il a dans Londres des agents fort actifs, apprenant d’avance tous les mouvements des Anglais. M. de Pontchartrain lance une dernière objection.
— Les Espagnols délogeront les Anglais.
— Ce sont gens bien peu capables de cela. Ils ne tiendront pas Pensacola ! Mais nous pourrions les y aider.
Et, suprême argument :
— M. de Vauban vous dirait comme il est nécessaire de supplanter les Anglais.
Le ministre le sait bien ; Vauban a écrit une lettre fort pressante sur ce sujet. Il ne veut pas se rendre tout de suite.
— Faites-moi un mémoire sur tout cela.