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À LA LOUISIANE

le compagnon de La Salle, parce qu’on oublie le premier découvreur. C’est un sentiment fort noble. Il n’en est pas ainsi pour le marin qui a causé la perte de La Salle.

— Hâbleries ! Menteries ! rétorque Le Gallois de Beaujeu au récit du voyage. Il y a si peu de sûreté à faire sur tout ce que disent les Canadiens, qui sont tous hâbleurs.

On l’invite à rencontrer d’Iberville :

— Je n’ai que faire de boire avec le héros du Mississipi, dit-il avec sarcasme, pour savoir ce qui se passe dans les parages d’où il vient.

Comme il sait le ministre hésitant, il croit à la réussite des fables qu’il a inventées pour se justifier.

— Je suis bien fâché du peu de réussite de l’affaire du Mississipi, va répétant le bon apôtre. Mais elle ne pouvait aller autrement. On avait voulu me tirer les vers du nez, mais, ma foi, je me suis moqué d’eux et ne leur ai dit que ce que j’ai voulu qu’ils sussent. Cela leur apprendra à être une fois plus sages et connaître mieux leurs gens.

« Vous verrez, les Espagnols ne nous laisseront pas habiter là, et j’appréhende fort que les hommes que d’Iberville y a laissés n’aient le même sort que ceux de M. de La Salle et qu’on n’y trouve personne, si on y renvoie ».

Ducasse, gouverneur de Saint Domingue, par-