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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

fait faire sur les distances d’un lieu à l’autre, que l’on a accoustumé de compter sans examiner que tous les tours et retours diminuent considérablement les distances en longitude. Par exemple, on compte ordinairement de Montréal à Mataouan cent dix lieues. Quand j’ay esté à la baye d’Hudson par là, je n’ay trouvé, faisant ma navigation comme sur mer, que quatre-vingts lieues à l’ouest… Ce qui a fait que M. de La Salle, quoyque homme qui passoit pour habile, a marqué le bas du Mississipi sur la carte qu’il a faite par 273°, d’autres plus nouvelles par 275°, quoyque nous l’ayons trouvé par 284° 30′. Je crois que cela vient de l’envie qu’il avoit de se voir près des mines du Nouveau-Mexique, et d’engager par là la Cour à faire des establissements en ce pays, qui ne pourront par la suite qu’estre très avantageux ».

Il apporte à ces questions son bon sens habituel, la clarté de son esprit, le don d’aller tout de suite au fond des choses. Le souvenir qu’il a gardé du voyage par Mataouan démontre en outre qu’il ne passe nulle part sans apprendre quelque chose, sans se renseigner sur le pays. Les géographes décident d’emblée de modifier leurs cartes du Mississipi. « La question a été décidée par le voyage que M. d’Iberville a fait sur cette côte ».

Les savants lui font fête. Mais deux hommes voient son succès avec chagrin. D’abord, Joutel,