tenant, il se permet de plaisanter. « Nous sentons, couchez sur ces roseaux, à l’abri du mauvais temps, le plaisir qu’il y a de se voir à l’abri d’un péril évident. C’est un mestier bien gaillard de descouvrir les costes de la mer, avec des chaloupes qui ne sont ni assés grandes pour tenir la mer soubz voiles ny à l’ancre, et sont trop grandes pour donner à une coste plate ».
Il a le loisir de réfléchir. L’entrée du fleuve est barrée de « roches de bois pétrifié avec de la vase ». C’est donc la Palissada des Espagnols, « qui m’a paru bien nommée, car… elle paroist toute barrée de ces roches ». L’eau, a-t-il noté aussi, est toute bourbeuse et blanche. Un souvenir se lève en lui. Où a-t-il entendu ces mots ? Ah ! oui. 1683. Retour de Versailles. Rencontre avec Cavelier de La Salle… Plus de doute possible, il est bien au Mississipi. Il communique sa pensée à ses compagnons, la lumière se fait dans leur esprit. Et c’est un grand éclat de joie.
Le lendemain, le père Anastase Douay, ancien aumônier de La Salle, dit la messe, suivie d’un Te Deum d’actions de grâces. Encore une fois, d’Iberville a triomphé où les autres avaient échoué. Ce jour-là était le Mardi-Gras. Nos explorateurs donnent ce nom à l’un des bayous du delta. Mais, au lieu de faire bombance comme la fête le voudrait, il faut, les vivres s’épuisant, retrancher le