bâtiments à garder le large, afin de « ne passer aucune rivière ». Chateaumorant parti, d’Iberville n’a plus à redouter les ennuis que Beaujeu avait suscités à La Salle. Au reste, Chateaumorant s’est montré de bonne composition, réglant tous ses mouvements sur ceux d’Iberville, ne discutant en rien son autorité de commandant suprême. Preuve du prestige de notre marin, car les ordres du ministre n’y auraient pas suffi. On était d’humeur indépendante et fière dans la marine de ce temps-là.
Rien n’y fait ; le fleuve ne se montre pas. Tout à coup, les feux d’un campement sauvage sur la rive. D’Iberville suit la piste de ces gens et les trouve pêchant dans des pirogues sur une rivière. Epouvantés à la vue des blancs, ils gagnent la terre et s’enfuient dans les bois « à la réserve d’un vieux bonhomme, qui avoit esté blessé quelques jours auparavant à la cuisse par une beste sauvage ». Le commandant rassure le vieillard, lui donne à manger et lui allume un feu pour le réchauffer. Lui ayant fait élever une cabane, il le laisse pour la nuit. Pendant ce temps, Bienville poursuit les fuyards et ramène une femme attardée par curiosité. Il la traite fort bien et elle va le raconter à ses compagnons. Le lendemain, les sauvages arrivent en foule. Ils s’en viennent, « chantant la paix », apporter le calumet. Bien différents de ceux du