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À LA LOUISIANE

en plaisantant, bien que cette particularité doive l’ennuyer fort. Il a besoin de ses Canadiens pour le rude service à accomplir. Il compte grandement aussi sur ses scribes pour tenir le journal de l’expédition, besogne essentielle puisqu’on va moins fonder des établissements que recueillir des données précises. M. d’Iberville doit tenir la plume. Il préfère le sabre, craignant fort l’outil qu’il n’a pas appris à manier. Aussi fera-t-il recopier son journal, de retour en France, et croira-t-il bon d’ajouter ces mots : « Vous trouverez beaucoup de fautes sur tout ce journal, qui a esté copié sur le mien, du voyage jour par jour, qui avait besoin d’estre rectifié devant que de vous l’envoyer ».

D’Iberville s’aperçoit bien vite qu’il ne peut ajouter foi ni aux cartes, ni à Laurent de Graff, ni aux Espagnols de Pensacola dont il a obtenu des renseignements. Aussi, dans la crainte de renouveler le triste exploit de Cavelier de La Salle, décide-t-il de mettre à exécution le projet très simple qu’il a conçu, mais qui exige une ténacité dont seul il est capable. « Je suivray mon premier dessein, vous asseurant, monseigneur, que je trouveray cette rivière, quand je devrois couper dans les terres avec trente ou quarante hommes, et la redescendray en canot de bois ». Il suit la côte de fort près, avançant à la sonde ; s’y rendant en biscayenne ou en felouque quand les bas-fonds forcent les