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À LA LOUISIANE

cle de Thoynard (le rabbin de Bossuet). Par l’entremise du ministre, il se fait remettre les relations des compagnons de La Salle. Il contrôle le tout. C’est ainsi que, le premier, il démasque Hennepin dont il a lu et relu le livre dans sa solitude de la baie d’Hudson. « C’est un homme que j’ai connu pour un ignorant, écrit-il, qui n’a jamais été que dans le haut du Mississipi, et n’a nulle connaissance du bord de la mer ».

Sa documentation complétée, il présente au ministre un plan où tous les détails sont prévus, jusqu’au prix du moindre objet nécessaire au voyage. Il insiste sur deux points. Tout d’abord, il choisira ses hommes lui-même et surtout parmi les Canadiens et les flibustiers de Saint-Domingue, c’est-à-dire les gens d’Amérique. Ensuite, « que mes ordres soient généraux, comme ceux que j’avois à la baye d’Hudson, pour éviter les inconvéniens qui arrivent, quand les ordres sont trop bornés dans une entreprise de cette longueur et de cette importance, où l’on ne peut jamais trop prévoir tout ce qui arrive ».

Le vendredi, 24 octobre 1698, il lève l’ancre en rade de Brest à sept heures du matin, « la Badine ayant tiré le coup de partance à six heures et demie. » D’Iberville commande cette Badine, et M. de Granges de La Rochefoucault marquis de Surgères, le Marin. En route, Joubert de Chateaumorant,