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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE
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deurs. Jérôme Phélypeaux de Maurepas vient au-devant de lui, la main tendue dans un large geste de bienvenue, une lueur d’intense intérêt dans le seul œil valide.

— Racontez-moi, monsieur, les combats où vous fûtes.

En des phrases claires, précises, d’Iberville conte son voyage. Son auditeur écoute avidement, s’exclame, fait répéter les passages les plus vifs.

Petit, fluet, le futur ministre parle peu, avec difficulté, tout en aimant la raillerie, au point de s’attirer la haine de l’irascible duc de Saint-Simon qui livrera de lui un portrait peu flatté dans ses Mémoires. La faiblesse de sa constitution le porte naturellement à se passionner pour les hardiesses des grands marins dont l’époque est féconde. Grand voyageur dans sa jeunesse, grand liseur toujours, il trouve, dans le récit des coups de main dont il est incapable, une dérivation à sa passion. Sa seule passion, car il est d’une froideur proverbiale, d’une prudence presque exagérée dans les affaires, auxquelles on l’a préparé dès son enfance.

Mais d’Iberville laisse le récit des exploits, secondaire maintenant. Hésitant, ne sachant s’il heurtera les idées de son interlocuteur, il expose ses vues sur l’avenir des colonies. M. de Maurepas redevient grave. Ce d’Iberville serait-il aussi