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LA GRANDE AVENTURE DE LE MOYNE D’IBERVILLE

— Monsieur, lui dit-il, je suis Pierre d’Iberville… Oh ! ne croyez pas que j’épouse la querelle de ma famille. Je ne suis pas marchand, moi ! Hier, j’arrivai de Paris, où l’on me parla de vous avec grands éloges.

— On y a bien changé !

— Je vis M. de Frontenac…

— Ah ! Frontenac ! s’il était encore ici !…

— Mais il vous sert fort bien, là-bas, puisqu’il détruit la calomnie des envieux. Il me narra vos actes glorieux. Je voulais vous dire mon admiration.

La Salle jette un long regard sur son compagnon. Sa figure perd le pli d’amertume qui ne la quitte plus depuis des années. Ce petit enseigne lui plaît.

— Mon frère de Saint-Sulpice reçut hier quelques bonnes bouteilles. Venez à ma chambre. Nous leur ferons honneur.

Mis en confiance, M. de La Salle fait le récit de son voyage, tout le long du fleuve à l’eau bourbeuse et blanche. Jusqu’à la mer du sud, parmi d’étranges tribus, il a surmonté des obstacles inouïs, couru des dangers sans nombre. Le succès l’a payé de ses peines, mais reste à reconnaître l’entrée de ce fleuve par la mer, afin de créer des communications directes avec la France : on ne s’y ren-