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À l’intention de la duchesse de Rohan-Chabot, Mme de la Ferté-Imbault avait composé un excellent résumé des travaux de Malebranche. Son amie, Mme de Marsan, gouvernante des enfants de France, en fut si enchantée qu’elle en parla au roi. À la suite de quoi Louis XV pria la marquise de choisir les morceaux de littérature et de philosophie qui seraient mis sous les yeux des princesses. Bientôt, durant les absences du roi à Fontainebleau, Mme de la Ferté-Imbault devait se transporter à Versailles pour donner aux filles de Louis XV un cours de philosophie. Les courtisans ne l’ignoraient pas et la vogue de la marquise en devint plus grande encore, si possible. Elle songea alors à utiliser les nombreuses notes recueillies depuis son enfance afin de composer un traité au service de sa foi, qu’elle avait fort ardente, au point de chasser ignominieusement d’Alembert de la chambre où agonisait Mme Geoffrin, ce qui lui valut la haine des Encyclopédistes et la défection de nombreux Lanturelus.

L’influence qu’exerçait Mme de la Ferté-Imbault devait se manifester de façon curieuse. Les princes du sang s’étaient éloignés de Versailles, quand Louis XV avait chassé les parlementaires. Peu de temps après, désireux de renouer les relations, les princes de Condé et de Bourbon chargeaient Mme de la Ferté-Imbault, non seulement d’engager les conversations avec le Château, mais surtout de les justifier auprès des autres princes. La fille du marchand de drap devenait ainsi arbitre entre les personnages les plus puissants du royaume.