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voit dans quel milieu le jeune homme était appelé à vivre pendant six mois.

L’exploitation comprenait six cents acres de terre plantés de cocotiers. Elle consistait aussi dans la traite avec les naturels. À lire la description de ces échanges, on se rappelle les débuts de notre pays.

L’argent est inconnu dans ces îles bienheureuses, si ce n’est sous la forme de coquillages. Mais cette monnaie primitive est rare et le blanc peut difficilement se la procurer. Les échanges se font donc par la méthode du troc et qui veut commercer dans les îles Salomon doit se munir d’une pacotille. On échange, contre l’ivoire végétal et le coprah, de brillants calicots, des miroirs et du tabac ou des pipes. Les naturels ont peu de besoins. La nature leur fournit, pour ainsi dire sans travail de leur part, la nourriture et le vêtement. Ils ne travaillent, à la cueillette des denrées que leur achètent les blancs, que pour se procurer ce qui à leurs yeux constitue le luxe.

Eric Muspratt relève un fait curieux et d’autres voyageurs corroborent son témoignage sur ce point. C’est qu’on ne saurait aller nulle part, dans les îles du Pacifique, sans rencontrer quelque descendant de ces mutins de la Bounty qui, un jour, déposèrent leur capitaine en mer et, avec des Tahitiennes, allèrent fonder une nouvelle nation à l’île Pitcairn. Ces métis étranges, qui ne ressemblent à aucune autre race, ont essaimé partout. On rencontre dans tout le Pacifique, assure Muspratt, des gens nommés Buffet : ce sont les descendants de l’un des mutins. Du reste, Muspratt lui-même descend de l’un des marins révoltés de la Bounty. Cette particularité explique peut-être son goût de l’aventure.