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écrivain à connaître la vie du paria, sans argent et sans passeport, dans le pays des castes et de la bureaucratie. Évidemment, ses souvenirs ne sont pas ceux des mandarins de lettres qui voyagent en première classe, dînent chez les maharajahs et couchent dans les palaces.

Après une vie extrêmement mouvementée, où il pensa bien y passer, Muspratt réussit à rentrer en Australie où l’attendait sa famille, qu’il y avait appelée avant son départ pour les îles Salomon. Il ne devait pas encore connaître le repos, mais, au contraire, misères et déceptions.

Dans les œuvres d’Eric Muspratt, se révèle un homme au courage indomptable et à la force extraordinaire, qui se cherche et se découvre lentement. Si Muspratt est un aventurier, il ne faudrait pas lui attribuer l’âme d’un bandit. Ce qu’il cherche dans l’aventure, c’est en quelque sorte le secret de la vie et, plus encore, l’équilibre de son être. Insatisfait des civilisations, comme des systèmes sociaux et philosophiques, il veut trouver un coin où l’homme vive sans artifice, dans le plein épanouissement de sa nature.

Muspratt est cultivé, même s’il lui manque certaines formations que dispensent les écoles. Il s’émeut facilement devant les spectacles grandioses de la nature, et il sait les décrire avec sobriété, mais efficacité. Il pénètre le secret des êtres et, quand il y est parvenu, il se livre à des réflexions qui sont d’une profonde philosophie. C’est une philosophie qui n’emprunte rien qu’à la vie. Tout cela, sans jamais appuyer : les récits de Muspratt sont vivants et dramatiques.

Arrêtons-nous plus particulièrement au premier