Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis la révolution de 1911, les luttes fratricides et égoïstes. Le Japon a voulu profiter de cette désagrégation interne, mais, au lieu de l’accentuer, il y a mis fin et créé une forte unité nationale. « Nous avons perdu les provinces mandchoues depuis six ans, écrit notre auteur, mais ce n’est qu’aujourd’hui que nous sentons le désir de battre l’envahisseur. »

Il n’est plus question de communisme pour Hsieh, ni de propagande révolutionnaire. La jeune fille dirige un groupe d’infirmières dans la zone des opérations de guerre. Le danger l’enchante. Quelqu’un s’étonnait de la voir rire alors qu’on prenait sa photo à la veille d’une grande bataille. « Pourquoi ne rirais-je pas, puisque nous combattons pour assurer la liberté du peuple ? » (Le langage révolutionnaire ne disparaît tout de même pas.)

Elle a des mots admirables. « Ils ne peuvent nous tuer tous, écrit-elle. Quand un régiment a fondu, un autre va le remplacer. Lorsqu’il n’y aura plus de soldats, il restera le peuple et, les maris disparus, il y aura les femmes. Ils ne peuvent nous tuer tous ! » — « Nous devons défendre Shanghaï, nous devons défendre Lunghua. Il ne faut pas que nous perdions un pouce de ce sol glorieux ! »

Mais Hsieh est très humaine. « Pendant que les avions japonais nous bombardaient, dit-elle, j’ai pensé que la chose la plus triste du monde est la guerre, que la pire de toutes c’est encore la guerre, que la plus grande chose du monde c’est la guerre ! »

Un jour, ses subordonnées la surprennent habillant une poupée qu’elle a trouvée dans une maison abandonnée où on les a cantonnées. « Ha ! ha ! notre chef de groupe qui joue à la poupée ! » Elle ne s’arrêta pas pour si peu.