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pline très stricte, les étudiants s’en vont bientôt au front, en mission de propagande. Ils sont si bien formés qu’apercevant, à l’arrivée dans le territoire où la révolution bat son plein, Hsieh n’éprouve aucune émotion à voir, étendus, les cadavres de six propriétaires fonciers. C’était vers le nord de la Chine ; la tradition y avait été plus rigoureuse qu’ailleurs : les femmes y avaient des pieds de deux pouces de long, de quatre au plus. Une vieille paysanne s’écrie, en voyant venir les jeunes militantes : « Il m’a fallu vivre jusqu’à 80 ans pour voir des diables femelles aux cheveux courts, aux grands pieds et vêtus d’uniformes militaires ».

La terreur atteignait son comble. Par exemple, les paysans ayant dénoncé trois propriétaires en une réunion publique, on fit monter les victimes sur la plateforme et on les y fusilla sans plus tarder.

Le gouvernement provincial de Wuhan, où ces horreurs se passaient, changea soudain de politique et abandonna ses alliés communistes. Du soir au lendemain, les révolutionnaires virent leur tête mise à prix : ce fut le sauve-qui-peut.

Hsieh parvint jusqu’à son village natal. Elle n’échappait à la mort que pour tomber dans l’étreinte des vieilles traditions. Sa mère exigea le mariage immédiat, pour remplir l’engagement pris de nombreuses années plus tôt. Le trousseau était prêt ; la mariée aurait au moins 40 malles de robes, sans compter le reste : la famille s’en trouverait grandement honorée. Il ne fallait plus tarder.

La fiancée ne l’entendait pas de la même oreille. On l’enferma dans sa chambre comme dans la prison la plus sévère. On s’entêtait de part et d’autre, mais, au bout de quelques mois, Hsieh dut