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Les Alliés attaquèrent Villeta. La victoire semblait leur sourire, quand, à la tête de milliers de femmes, Ella Lynch tomba sur leur flanc. Ils prirent la fuite.

Les combats se succédaient. Trahi sans cesse, Lopez, à la Noël de 1868, n’avait plus que 60 hommes autour de lui. Il se retira avec eux parmi les collines d’Oscurra. Les Alliés avaient établi un gouvernement à Asuncion, où les gens rentrèrent. Mais les hommes ne tardèrent pas à revenir vers Lopez. Au printemps, il était à la tête d’une armée de 10,000 soldats.

Le comte d’Eu, prince impérial, prit le commandement des Alliés et déclara Lopez hors la loi.

Retranché dans Pirebebuy, le dictateur dut s’enfuir devant les vagues d’assaut des Alliés qui, entrés dans la ville, mirent le feu à un hôpital où se trouvaient 600 blessés. Dans les bois, Lopez repoussa une attaque de l’armée ennemie. Après quoi, il s’aperçut que 87 de ses gardes de corps étaient des espions qui communiquaient ses plans aux Alliés. Pour la première fois, il se convainquit que sa famille le trahissait. Sa mère, son frère, sa sœur avaient causé ses défaites.

Implacable, il leur appliqua le traitement réservé aux traîtres. Mais il remit l’exécution au lendemain. Le matin de ce jour, une nouvelle bataille s’engageait et, tout de suite, Lopez était tué, murmurant avant de rendre le dernier soupir : « Muero con mi Patria », Je meurs avec ma patrie.

La population du Paraguay, qui était de 1,337,489 avant la guerre, ne comptait plus que 28,000 hommes et 192,000 femmes et enfants.